L’église Notre-Dame
Rynek Główny 5
Plus de 800 années d’histoire, un retable de Veit Stoss (Wit Stwosz), une sonnerie de trompette, une polychromie étoilée peinte par Jan Matejko. Tout cela dans une seule église, située en plus au cœur de Cracovie!
Le premier édifice fut élevé à cet endroit avant la fondation de Cracovie selon le droit de Magdebourg. Après 1222, c’était déjà la principale église paroissiale de la ville, ce qui explique pourquoi la basilique Notre-Dame est située de façon oblique par rapport à l’axe du Rynek, la Place du Marché : lorsque la première église fut construite, le Rynek n’existait pas encore! Les vestiges romans de l’église se trouvent 2,6 mètres sous le dallage, de même que les éléments de l’église gothique.
Le corps de l’église que nous pouvons admirer aujourd’hui date de la seconde moitié du XIVe siècle. La transformation commença lorsque le riche marchand Mikołaj Wierzynek offrit un chœur imposant. On lui joignit un peu plus tard un corpus à trois nefs, en le flanquant du côté Ouest (c’est à dire du côté de la Place du Marché) de deux tours d’une hauteur inégale. Au XVe et XVIe siècles, la chapelle fut entourée de chapelles latérales et vers 1750, on y ajouta un porche réalisé selon un projet de Francesco Placidi, architecte et sculpteur de Rome, considéré comme le plus grand créateur du Baroque tardif.
Il vaut la peine de commencer la visite par l’intérieur. Sur les murs se trouvent de nombreuses épitaphes de riches bourgeois – souvenirs du cimetière paroissial qui entourait l’église jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (voir place Mariacki).
Maintenant, relevez la tête pour regarder les tours. La plus haute, comptant 81 mètres, est coiffée d’un heaume de style gothique tardif. Cette tour, appelée aussi tour de garde ou tour de fanfare, appartenait depuis toujours à la ville : depuis le Moyen Age un gardien y veillait jour et nuit en guettant les incendies, les ennemis s’approchant de Cracovie, et d’autres dangers.
Il avait également pour tâche de jouer de la trompette un signal – au début uniquement à l’aube et au crépuscule, pour l’ouverture et la fermeture des portes, et à partir du XVIe siècle toutes les heures. Ce signal de trompette est devenu le symbole musical de Cracovie ; il retentit toutes les heures des quatre côtés du monde. Pourquoi la mélodie s’interrompt-elle à un moment? La légende parle d’un gardien qui commença à donner l’alarme en voyant arriver la horde tatare. Il réussit à prévenir les habitants, mais avant qu’il eût terminé sa mélodie, une flèche tatare lui traversa la gorge. C’est pour cette raison que le signal s’interrompt brusquement à l’endroit où le gardien héroïque a cessé de jouer.
La deuxième tour, plus basse (69 mètres), abrite un jeu de cinq cloches. La plus ancienne, appelée demi-Sigismond, fût coulée au XVe siècle. La tradition veut que la cloche ait été transportée au sommet de la tour sans aucune aide par Stanisław Ciosek, doté d’une force herculéenne.
Une légende explique aussi la différence de hauteur des tours, qui n’est pas justifiée par les plans architectoniques. Elles auraient été bâties par deux frères. Lorsque le plus jeune comprit que sa tour n’égalerait ni en hauteur ni en beauté celle de son frère, il le tua avec un couteau. Le jour de la consécration de l’église, rongé par le remords, il planta le même couteau dans son cœur et se jeta du haut de la tour. Le couteau dont il se servit est suspendu dans la Halle aux Draps et témoigne de cette histoire lugubre.
Du côté Sud de l’église Notre-Dame, près de l’entrée, se trouvent des chaînes servant de pilori, familièrement appelées «martres», dans lesquelles on enchaînait les pécheurs. On pouvait être puni de cette manière pour adultère, ivrognerie, non-respect de jeûne, travail le dimanche et jour de fête, et même larcin. Ceux qui entraient dans l’église pouvaient bafouer à volonté les coupables. Lorsque ce châtiment ecclésiastique fut supprimé (à la fin du XVIIIe siècle seulement!), de nombreux Cracoviens poussèrent sans doute un soupir de soulagement. Aujourd’hui, il vaut la peine de se laisser enchaîner de son plein gré – il paraît que c’est un excellent moyen pour s’assurer le bonheur et la constance en amour…
L’église paroissiale était placée sous le mécénat de riches familles bourgeoises. C’est à leurs dons que l’on doit bon nombre d’œuvres d’art précieuses et de souvenirs des patriciens cracoviens.
Mais c’est l’autel principal, chef d’œuvre de Veit Stoss (Wit Stwosz), sans doute la plus grande réalisation sculpturale du Moyen-Age tardif, qui constitue le plus grand trésor de l’église. Son histoire commence par une catastrophe: en 1422, la voûte du chœur de l’église Notre-Dame s’écroula en détruisant l’autel. Les conseillers municipaux décidèrent d’en commander un nouveau, digne de la capitale. Leur choix se porta sur Veit Stoss, sculpteur à Nuremberg. Cette commande valut à l’artiste richesse, clientèle et gloire immortelle. Pour son travail, l’artiste reçut 2808 florins –une somme équivalente au budget annuel de la ville. Ce retable monumental fut réalisé dans les années 1477-1489. Veit Stoss sculpta son œuvre, mesurant 13 mètres de haut et 11 mètres de large, dans du bois de tilleul. Dans la partie centrale, les figures de la scène de la Dormition de la Vierge entourée d’apôtres mesurent presque trois mètres. Des scènes de la vie de Marie et du Christ couvrent les deux ailes amovibles et les deux ailes immobiles du retable – en tout plus de 200 personnages sculptés également en bois de tilleul. Dans la prédelle (base du retable), Veit Stoss a représenté l’Arbre de Josué, c’est à dire la généalogie de Marie et de Jésus; dans la partie supérieure se trouve un couronnement de la Vierge et les figures des patrons de la Pologne, Saint-Adalbert et Saint-Stanislas. Le retable est d’une beauté peu commune, mais ce qui frappe surtout, c’est son réalisme. Les personnages de Veit Stoss ont les traits de ses contemporains ; l’artiste a reproduit tous les détails, même les plus laids – des mains déformées par le travail et l’arthrose, des calvities, des veines tendues sous la peau.
A remarquer aussi, la polychromie de l’église, œuvre du grand peintre Jan Matejko (c’est à lui que l’on doit l’idée de la voûte étoilée) et de ses élèves (dont Stanisław Wyspiański et Józef Mehoffer, grands artistes du courant de la Jeune Pologne) qui ont également réalisé le vitrail de la fenêtre du côté Ouest.
Voir aussi:
- Les vitraux du Moyen Age (dans l’abside de l’église)
- Le ciboire Renaissance – œuvre du sculpteur Giovanni Maria Padovano, composé d’une boîte pour les hosties et de son écrin architectural (nef Sud).
- Le crucifix de Slacker, commande du monnayeur royal Henryk Slacker. Wit Stwosz le sculpta dans la pierre. La représentation sévère et naturaliste du Sauveur sur la croix est connue depuis de siècles pour ses miracles ; au XVe siècle, le Christ aurait adressé la parole au moine Świętosław Milczący en le réprimandant pour n’avoir pas chanté des psaumes (nef Sud).
- La cloche des agonisants – lorsque quelqu’un mourait, on sonnait de la cloche pour assurer au mourant la paix de son âme et apaiser les souffrances de l’agonie (mur extérieur de la plus basse des tours).
Visite de l’Eglise Notre-Dame
Heures d’ouverture pour les visiteurs (entrée place Mariacki)
lundi-samedi 11:30h-18h (ouverture du retable de Veit Stoss à 11h50)
dimanche et fêtes 14h-18h (le retable reste ouvert pendant toute la journée).
On peut visiter la moitié de l’église avec le chœur et l’autel principal. L’entrée de la deuxième partie, consacrée à la prière et ouverte sans interruption, est gratuite.
Billets: PLN 15/8
Visite de la plus haute des tours de l’Eglise Notre-Dame
depuis le 1er juin (la saison d'été)
mardi-samedi 10h00-17h30 (toutes les 30 minutes)
dimanche 13h00-17h30 (toutes les 30 minutes)
Entrée du côté de la rue Floriańska, illetterie à la caisse de la place Mariacki 7
Billets: PLN 20/12