Les disputes familiales auxquelles nous devons la poste
Il paraît qu’avec sa famille, on ne se sent bien que sur une photographie. Si cette dernière avait existé au 16e siècle, le roi Sigismond Auguste aurait sans aucun doute confirmé ce constat. Cependant, il nous faut savoir que ses soucis familiaux ont eu pour conséquence la création de la première poste de Pologne.
Le roi n’était pas heureux dans son ménage, et ses disputes avec la reine Bona, venue d’Italie, incitèrent cette dame de grand tempérament à retourner dans son pays natal. Elle y est décédée, en laissant en héritage à son fils une fortune. Malheureusement, cette fortune était engagée: avant sa mort, Bona avait prêté au roi d’Espagne la somme énorme de 430 000 ducats, connue sous l’appellation des «sommes napolitaines». Le roi polonais se rendait compte qu’il ne serait pas facile de reprendre son héritage. Ses messagers et ses juristes partirent immédiatement pour l’Italie; et comme la rapidité de la communication entre l’Italie et la Pologne était d’une importance capitale, le roi créa «une poste, c’est-à-dire un relais Cracovie-Venise, circulant à des périodes, des années et des jours fixes»*.
Prosper Provano, propriétaire d’une maison rue Floriańska (aujourd’hui au n° 14, Hôtel «Pod Różą») était son premier directeur. C’est de là qu’est partie la première malle-poste, qui n’a mis que 10 jours pour arriver à Venise. Après quelques années, lorsque la direction fut passée aux mains de la famille Monteluppi, le siège de la poste fut transférée dans leur maison Place du Marché (au n° 7). Les diligences n’en sont pas devenues moins rapides et, de plus, en 1583, on introduisit pour les courriers un prix unique qui ne tenait pas compte de la distance parcourue. Il faut savoir que le premier timbre poste – et par conséquent l’égalisation du prix des colis postaux – n’a fait son apparition qu’en 1840 en Angleterre...
*D’après: M. Czuma, L. Mazan, Pępek świata nazywa się Kraków ( Le nombril du monde s’apelle Cracovie), Anabasis, Kraków 2000.