Du retable de Veit Stoss ou comment transformer un malheur en succès
En 1442 un grand malheur frappa la plus importante des églises de Cracovie – la basilique Notre-Dame. En tombant, la voûte de l’église détruisit l’autel principal. Grâce à cela, celui-ci fut remplacé par le plus grand – et selon les Cracoviens - le plus bel autel gothique d’Europe.
Nous devons sa création à Wit Stwosz (Veit Stoss), originaire de Nuremberg. Cette commande l’a non seulement rendu riche en lui assurant une nombreuse clientèle, mais lui a valu une gloire éternelle. Les chiffres en témoignent: pour son travail, le sculpteur a reçu la somme de 2808 florins, l’équivalent du budget annuel de la ville! Les travaux ont duré douze ans. Le cadre est réalisé en bois de chêne et fait 13 mètres de hauteur et 11 mètres de largeur. Il est peuplé de plus de deux cents personnages sculptés dans du bois de tilleul. Les figures de la scène principale – celle de la Dormition de la Vierge – mesurent presque 3 mètres de haut. Des analyses ont démontré qu’au moment où Wit Stwosz a réalisé son œuvre, il a travaillé un bois comptant déjà 500 années. Celui-ci est donc aujourd’hui millénaire.
Wit Stwosz a donné aux personnages les traits des habitants de Cracovie de son époque, en montrant tous les détails, pas forcément des plus beaux: des mains déformées par le travail et le rhumatisme, des calvities, de veines saillant de la peau. Il a également montré leurs costumes, leurs armes, la vaisselle et les ustensiles de ménage. La fidélité à la réalité de cette époque est telle que dans les années 1930, un travail de dermatologie a été consacré aux maladies de la peau à Cracovie au Moyen-âge en se fondant sur l’œuvre du sculpteur!